Les vivants

Octobre

Octobre 1972-1989

Ça vit un peu contre le temps
Ça fouille autour en se dépêchant
Sans trouver le bonheur fuyant
Ça rit, ça parle et ça s'agite
C'est à la mode, ça forme l'élite
Mais c'est seul et toujours sans gîte...

Les vivants vont continuer
A s'traîner dans les jours
A perdre les années
Les vivants vont s'acharner
A voir au fond d'leur bière
Une preuve d'intensité...

Ça travaille pour pouvoir fêter
Ça fête pour pas trop s'ennuyer
Ça s'ennuie parce que c'est blasé...
Ça sort les femmes à' queue leu leu
Ça s'croit puissant, ça joue le jeu
Pour se prouver qu'on est heureux...

Les vivants sont victorieux
Dans les batailles du soir
Des cafés d'habitués
Les vivants sont souriants
Mais il y a dans leurs gestes
Tant d'immobilité...

Ça s'lance en bas des escaliers
Pis l'lendemain ça rentre au bureau
L'air assuré, tout' ben checké
Même si y'avait les yeux pleins d'eau
Ça droppe des speeds toute la journée
Pour aller un p'tit peu moins slow...
Ça reste jusqu'à la fermeture
De son club de nuit préféré
Ça marche tout croche ça rentre dans' murs
Pis ça voudrait donc continuer
Pour oublier un peu l'allure
De leurs plaisirs désespérés...

Les vivants voudraient se perdre
Aveuglés par l'ennui
Et craignant les matins...
Les vivants voudraient hurler
A travers leur nausée
Le chant d'un homme qui a faim.
Je regardais aller mes aînés dans leurs excès et dans leurs désarrois. Je me permettais de les juger, comme font tous les ados.
J'allais moi aussi devenir, à ma manière, un "vivant". PF






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