Quelqu'un m'a dit que tout autour
De mon nombril se trouve la vie
La vie des autres, la vie surtout
De ceux qui meurent faute de nous
Qu'il faudrait qu'il pleuve
Où il ne pleut guère
Qu'il faudrait un fleuve
Où c'est sans rivière
Et moi j'étais sur moi alors
J'écoutais couler dans mes veines
Mes vaisseaux et mes anticorps
Depuis des mois, des années même
J'observais battre mes paupières
Mon corps prendre et rendre l'air
J'ai des yeux qui refusent de voir
Des mains qui frôlent sans toucher
Sortez-moi de moi
Chacun ses envahisseurs
Chacun ses zones sinistrées
Sortez-moi de moi
De moi
Ce même quelqu'un m'a dit, je cite :
« Je pars pour l'autre continent »
Il n'était pas très explicite
Mais juste assez bouleversant
« Je pars et c'est important
Donner mon temps souffler mon vent »
Mais moi j'ai des yeux qui refusent de voir
Des mains qui frôlent sans toucher
Sortez-moi de moi
Chacun ses envahisseurs
Chacun ses zones sinistrées
Sortez-moi de moi
De moi
Pour me voir quitter l'alvéole
Où je veille et où je dors
Il me faudrait l'amour le plus fol
Un incendie et quoi encore
Il m'a dit voir beaucoup souffrir
Sans doute voulait-il m'instruire
Sur le fait que son bonheur
Repose sur l'index et le majeur
Puis il a brandi ses deux doigts
La main bien haute le bras bien droit
Mais moi j'ai des yeux qui refusent de voir
Des mains qui frôlent sans toucher
Sortez-moi de moi
Chacun ses envahisseurs
Chacun ses zones sinistrées
Sortez-moi de moi
Sortez-moi de moi